DERAIN : Son avis sur son appellation Bourgogne
Monsieur Derain Dominique m’a confié quelques unes de ses réflexions suite à la mésaventure subie, cet été, lors du rejet de sa cuvée 2007, pour l’agrément en appellation Bourgogne rouge.
En effet, comme le système d’AOC ne fonctionne plus comme il avait été prévu, certaines réformes sont en cours et plusieurs surprises sont apparues un peu partout dans les
 vignobles, notamment à l’encontre de ses vignerons au naturel.
Soyons brefs : Un examen organoleptique juge si le vin correspond ou non à la typicité de l’AOC à laquelle il prétend appartenir.  Comme on veut resserrer les rangs et redonner une identité forte à chaque AOC, ceux qui s’écartent de la norme, par originalité, par goût, par des pratiques différentes, ceux-là seront certainement à chaque examen soumis à un tranchant de langue, un fil de nez, un retrait temporaire avant le définitif !!!
Monsieur Derain y a eu droit au mois d’Août !
Motif : Le vin était « évolué, oxydé, astringence » !!!
Sanction Encourue : « Retrait temporaire du bénéfice de l’AOC »
Finalement, un deuxième examen lui a accordé l’AOC. C’était un jour meilleur, très certainement !
Voilà sa lettre ouverte :
LE VIN : du savoir-faire à l’arbitraire ou secousse de 20 sur les chais des riches terres…
Nous sommes des paysans qui par la connaissance et l’expérience  de nos pères et grands pères arrivent sur les rivages du monde. Nous avons  laissé nos vaches, nos poules, notre cochon et nos céréales pour nous consacrer  uniquement à la culture de la vigne.
Le vin  qui nous abreuvait hier est maintenant vendu dans le monde entier. Son  originalité en fait un produit toujours exceptionnel et très atypique, ce qui a  éveillé et éveille encore la curiosité hors de nos frontières. Cet esprit même  de plaisir reste notre force que la vigne puise dans nos finages, sur les pentes  de nos coteaux au climat si particulier.
C’est cette subtile alchimie qui  différencie le vin d’autres produits agricoles. C’est dans cette attitude que  nous réussissons à donner le goût de l’aventure aux professionnels du vin ainsi  qu’aux néophytes. Aujourd’hui, gardons bien cela en mémoire pour agir dans la  compréhension des mystères du vin.
Le marketing n’est qu’une finalité de notre  travail et non le début. Préservons les différences, les nuances, la pureté. Que  voulons-nous d’autre ? Que cherchons-nous à vouloir couper la branche sur  laquelle nous sommes ?
Aujourd’hui le droit de vendre son vin est décidé de  façon arbitraire par un « tribunal » qui n’a aucune compétence scientifique  sérieuse mais un pouvoir sans limites de vie ou de mort sur ses voisins ! De  nombreuses expériences passées prouvent l’irrationnel d’un tel système. 
La  confiance est une invitation à la vie, ne partons pas sur des vins stériles et  linéaires. Tout le monde peut réaliser ce genre de produit avec excellence et  les exemples ne manquent pas. On nous demande d’être des techniciens, des  chimistes, des VRP, des businessmans. Il sera un jour décidé que le vin doit  être bleu et il devra l’être ; peut-être pourrons-nous jouer sur l’intensité du  bleu ! C’est l’art et l’imagination qui font évoluer les choses, pas les lois de  marché et les marchands de produits miracles.
De nombreux vignerons  s’interrogent et baissent les bras devant l’érosion des valeurs. La pensée  unique qui passe par un seul faisceau est à l’origine d’un mot que je ne peux  écrire ici  et qui correspond à l’organisation du monde agricole actuel.   Ces  mêmes vignerons vivent du fruit de leur travail, ils portent loin dans le monde  la reconnaissance et le respect de leurs compétences, il ne faut pas l’oublier  pour apporter une pensée objective sur l’avenir de cette profession.
Nos  valeurs sont devenues obsolètes et nous vivons aujourd’hui avec une épée au  dessus de la tête, il faut vraiment être joueur ou fou pour accepter cela !   A  qui profite le séisme de nos appellations ?
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