Bonne Année 2009 à mes vignerons

Je voulais remercier à ma manière les vignerons et vigneronnes qui ont su m’accueillir les bras ouverts, en toute simplicité.

J’ai aimé rencontré Jean et Catherine Montanet, au pied de Vézelay, un soir d’été, en partageant leur table, leur vin. Je me souviens de cette rudesse (un mot que j’invente je crois bien) de père que Jean portait à l’égard de son fils. Il nous avait fait un discours sur l’homo-erectus, droit dans son champs, à l’affut des sanglier. Et puis, ce ton rassurant, ce regard franc, et ce regret à la fin du repas : « mais voilà, c’est ça que l’on aurait du faire. Boire les vins des autres, pour s’en faire une idée, au lieu d’ouvrir mes bouteilles ». C’était pourtant si bon.

Et puis, un midi, avec Jean Maupertuis, en pleine Auvergne, à découvrir, ébahi, que le vin pouvait se faire sur d’anciens volcans, sans complexe, sans chercher à raconter d’histoire. Du vin de copain comme on l’appelle ! Je dirais bien aussi du vin naturel dans le sens où le vin se fait tout naturellement.

Je repense aussi à Isabelle Frère qui comme Christophe Fouchet ou Catherine Bernard ne peuvent faire autrement que de vous emmener d’abord dans les vignes. Le paradis c’est au milieu des rangs, entouré de paysages souvent magnifiques. Le lieu doit être rassurant. On y va parfois dans des engins incroyables, couverts de poussières, ou sans siège passager. Ce n’est pas fait pour le critique (g)Astronomique qui débarquerait en costard pour taster du vin et de la cuvée ! T’as intérêt d’être souple, vivant, en bonne santé et d’avoir envie d’y être, là, avec eux, à partager ce regard sur la vigne, sans cesse en alerte, en envie. J’ai aimé suivre leur pas, leur geste, frotter le bois qui s’effrite, pousser les sarments devant soi pour peigner les rangs, traverser les ceps, au vent, au soleil, se pencher vers la terre pour y trouver des fossiles parfois et comprendre d’où vient le vin.

Mon meilleur souvenir en cave, certainement avec Bernard Bellahsen, à le regarder poser ses étiquettes à la main sur ses bouteilles, bercer par la grande musique qui baigne l’atmosphère de son chai, à discuter pendant des heures, sur le monde, ce monde qui évolue trop vite, le bouscule, ce grouillement d’homme qui lui fait peur, je crois.
Et puis j’ai adoré ce réflexe de cave, face à une rangée de fût bien aligné, d’aller soulever les bondes à la recherche du crépitement du vin blanc et l’entendre chanter.

Voilà, je voulais donc les remercier, et leur souhaiter tous mes vœux pour 2009 et vous dire que je trépigne déjà de retourner à leur rencontre.

Jean Maupertuis en Auvergne

jean maupertuis

Jean Maupertuis : du vin naturel en Auvergne, un terroir insoupçonné près des fameux volcans d’auvergne.

Incroyable ! Des vignes en plein coeur de l’Auvergne, dressées face à Clermont-Ferrand, à une sacrée altitude quand même : 450 m. Jean Maupertuis semble bien à son aise, installé ici depuis 1996, à poursuivre son petit bonhomme de chemin, au grès des rencontres et des opportunités. Apparemment, ce n’est pas un homme de lumière, ni de soleil finalement. Il ne cherche pas la gloire et préfère travailler à soigner ses parcelles dans la quiétude de son village de Saint-Georges-ès-Allier.

Aucun panneau n’indique sa cave, discrète comme une vulgaire porte de garage dans une ruelle étroite et en pente. Les pierres des maisons laissent deviner une longue histoire et si les murs ont des oreilles, ils doivent savoir bien des choses depuis tout ce temps… Jean habite au-dessus de la cave, une partie rénovée par ses soins du bâtiment, mêlant le bois, la pierre et la chaux. Certainement qu’il vit pour son vin, tout naturellement.

cuve béton vin

Derrière la porte de la cave, des cuves béton peintes en bleu frappent le regard de suite. Ensuite, en s’habituant à la pénombre, on devine les quelques fûts dans lesquels crépite encore du chardonnay. A nouveau, la surprise : Du chardonnay à flanc de Puy, les pieds dans les granules de lave, par petites grappes. Jean l’élève depuis peu, en barrique, très frais, sur une belle acidité et des notes de fleurs blanches. Le liquide pétille un peu sur les parois du verre et en bouche. Les arômes subtiles plaisent de suite. On se relâche. On se laisse envouter. Et dire que certains déboursent des fortunes sur des terroirs illustres pour boire un tel grand vin. Ne leur dites rien !

vigne auvergne

Jean cultive aussi des parcelles de Gamay et de Pinot noir. En tout, il en a 3 ha et plus depuis qu’il a quitté le domaine de Peyra en 2003. Sans engrais ni désherbant, il fait tout à la main jusqu’à la vendange. En Auvergne, si l’été la chaleur domine dans la journée, il est clair que les nuits sont très fraiches. Surtout à cette altitude. L’amplitude peut atteindre plusieurs dizaines de degré. De ce fait, la maturation du raisin est plus longue et la charge en sucre moindre. Les vendanges se déroulent en Octobre et Jean profite de la fin Août pour aller donner un coup de main a des amis vignerons dans le Roussillon. Sa vie, le vin, je vous dit !

En rouge, une première cuvée, La Guillaume, se révèle aérienne, légère, avec seulement 10.5°. Un Gamay étonnant de ce fait, à qui on demande simplement de nous désaltérer lors d’un pique-nique entre copains, sans chichi. Dans la vie, il faut aussi des choses simples comme ce vin pour apprécier davantage la complexité du monde.
Une autre cuvée, Les Pierres Noires, agrémente un peu plus la gamme. Le Gamay vient des parcelles les plus anciennes sur une terre définitivement marquée par les empreintes volcaniques, principalement constituée de basalte et d’argile. Ce qui explique le nom du vin comme le nom du village d’à côté où se situent les vignes : Les Roches Noires. Celui-ci encore faible en alcool, 11.5°, bénéficie d’une belle structure et d’un équilibre appréciable. La finesse végétale des parfums titille agréablement le nez. La bouche est légère, fraiche et acidulée.

Ne cherchez pas une quelconque aoc ou autres vdqs. Jean fait des vins atypiques, parait-il ! Alors, il ne mérite selon ses pairs, les officiels, que la mention vin de table. Ma foi, le vin est fait pour ça : être sur notre table, droit dans sa bouteille !