Au pied des Pyrénées et du Canigo(u), de Belesta à Maury, le Roussillon recèle un terroir magique

Les vignes auraient un pouvoir magique. Invariablement, elles tapissent la terre autour d’un paysage majestueux. Sont-ce les hommes qui ont choisi de les cultiver dans ces endroits ou bien est-ce la nature qui les a guidées et parfois même contraintes ?

La vallée de l’Agly est de ces lieux qui enchantent un voyage et émerveillent la découverte d’un territoire si discret. Imaginez-vous sur une mer de vigne, balayée par le vent, façonnée par la houle, aux reliefs incessants semblables à des vagues immenses. Vous naviguez avec pour point de mire, repère indispensable, tellurique, telle une terre en vue, le Canigo comme on l’appelle ici. Le massif encore enneigé, en cette matinée ensoleillée, illumine l’horizon en quelques lieux où l’on se trouve.
Il est un phare blanc, vous dis-je, sous un ciel bleu changeant, au milieu d’un vignoble rayé par le feuillage vert des vieux ceps, courts sur patte, de grenache, de maccabeu, de carignan. Il est sublime avec son sommet immaculé, auréolé de petits nuages de coton qui finissent le plus souvent par le coiffer entièrement.

Le décor est planté !
La vigne aussi. Elle en profite pour pousser, sans cri ! La garrigue est peu présente et les oliviers ont quasi disparu. Il y a quelque chose de brutal dans la nature sauvage qui reprend ses droits. Nous la pensons bêtement à l’abandon…or la terre sans les hommes s’équilibre.
Ce paysage de vignes laisse alors une empreinte plus marquée de l’activité humaine. Il signe une présence forte, dominatrice, de plusieurs générations.
Ainsi, le minéral parle. Les murets de pierres sèches dessinent les contours des parcelles, brisent la houle du relief. Il en fallu des efforts et de la sueur pour sculpter la montagne afin qu’elle devienne terre nourricière. Le sol, en cette saison, au printemps, se perçoit encore entre les ceps. Le schiste impressionne toujours par sa dureté et ses diverses teintes. Comment la vigne puise-t-elle dans cette roche ? Où vont ses racines ?

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Au détour d’un territoire oublié, dans les méandres d’une route touristique agréable et calme, dans ce vrai sud de France, vous découvrez des vignerons, jeunes souvent, la trentaine, qui sont venus s’installer ici, sur Maury, sur Latour de France, sur Belesta, sur Rasiguères, au cœur du vignoble du Roussillon. Ils se démarquent par leur volonté de s’unir et de se créer un réseau d’énergies fort utile pour avancer leurs idées d’un vin plus sincère, divers, exprimant les sensibilités de chacun, dans le respect des pratiques des autres. Comme les racines d’une vigne qui plongent dans la terre pour assurer la maturité du végétal, luttant ensembles pour vaincre les obstacles du minéral, ces vignerons, ces vigneronnes, avancent en troupe quand c’est nécessaire. C’est le cas de l’association des vins du Fenouilledès et de son cri de ralliement : Roots 66 pour ces plus de 40 adhérents. De quoi vous satisfaire cette diversité ! Allez du côté sauvage de la vigne, prenez quelques adresses sur le site Internet (http://www.vins-fenouilledes.com/fr/domaines.html) et c’est parti pour suivre une route toute tracée vers la découverte. L’itinérance force les hommes à se rencontrer. C’est magique !

Je ne sais pas pourquoi nous sommes sur cette terre, vaste question à laquelle il n’y a certainement aucune réponse à apporter, mais quand on a la chance de profiter de l’air ambiant, de s’inspirer, on atteint alors un but.
A regarder l’horizon, on avance surement.
La vigne dans cette vallée de l’Agly, la vigne face à ce géant enneigé, Canigo, la vigne aide à cette contemplation.

Merci Iris pour ce thème des Vendredis du Vin.