Alcool, héroïne, crack, anglais, danger, étude d’un buzz entre médias

J’hallucine !

L’information prend des détours de plus en plus auto alimentés. D’un site internet à un autre, une simple information rebondit par lien et citation. J’en fais partie puisque je vais à mon tour citer plusieurs sites internet dans ce billet.

L’AFP qui est une source abondante de news diffuse le 1er Novembre l’information suivante : « L’alcool est plus nocif que l’héroïne ou le crack, selon une étude britannique »Le site du journal Le Monde, reprend la news le même jour sous le titre : « L’alcool plus dangereux que le crack » Côté contenu c’est une reprise de l’information à chaud, pas de recul, le titre accroche et le reste déroule.Le lendemain, le site de Bourgogne Live publie une brève, cite Le Monde en reprenant une partie de l’information et en recadrant sur l’auteur de cette information le professeur Nutt. C’est vite fait. C’est concis. Le titre a pris en longueur : « Tempête dans les verres britanniques: le crack et l’héroine moins dangereux que l’alcool selon une étude scientifique ! »Le site du journal sudouest reprend à son tour l’information avec ce titre : « Selon les Anglais, l’alcool serait plus dangereux que… l’héroïne et le crack ! ».L’ironie :  l’article précise que l’information vient de l' »Agence Associated Press dont la dépêche a été repris par la plupart des médias britanniques » et complète en reprenant la moitié du court article de Bourgogne Live qui avait repris l’info du Monde qui avait repris l’info de l’AFP…Et finalement, sudouest fait encore plus fort et illustre son article par un reportage vidéo de BFM qui est en diffusion sur dailymotion. Il ne manque plus qu’une télé reprenne l’info en citant sudouest et que dans un prochain magazine féminin la news devienne le conseil d’une coach forme et santé !

J’oubliais Bourgogne Live a bien évidemment repris l’information sur facebook que Sudouest l’avait cité sur son site ! On s’amuse ! Et vu ce que je publie ici, il y aura forcément une suite.

La vidéo de BFM :

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La réponse de Vin et Société à l’article du magazine fémina

vinetsocieteMarie-Christine TARBY-MAIRE, présidente de Vin&Société, a écrit une lettre argumentée et contradictoire à l’attention du magazine Fémina à la suite de la parution de leur article intitulé : « Vin et Santé la fin du Mythe« 

Paris, le 25 octobre 2010Madame la Directrice de la rédaction,Dans le numéro de votre hebdomadaire de la semaine dernière, l’article de Christelle Ballestrero, « Vin et santé, la fin du mythe », a retenu toute notre attention et soulevé de vives réactions au sein de notre filière vitivinicole. Nous souhaitons dès à présent y apporter des éléments de contradiction, afin de vous convaincre de publier un rectificatif dans le prochain numéro. En tant qu’association rassemblant toute la filière française sur des sujets de société, dont la santé, Vin&Société s’implique quotidiennement pour apporter toutes les informations claires et vérifiées, notamment aux médias. (…)

Plus avant, l’étude de Bruckert & Hansel citée par la journaliste, confirme que les consommateurs modérés d’alcool sont en meilleure santé que les abstinents ou que les gros consommateurs de vin.Cette étude, cherche à déterminer ‘‘des facteurs de confusion’’, c’est-à-dire des éléments qui pourraient pondérer une conclusion immédiate telle que « le vin est bon pour la santé », sans infirmer la réalité des bienfaits d’une consommation modérée. D’autres études travaillent dans ce sens, et sont portées à notre connaissance régulièrement. (…)

Aucune étude n’est toutefois développée pour contrer les conclusions initiales, mais bien pour les enrichir ou les amender. Ainsi, le sous-titre « vous pensiez qu’un ou deux verres de vin rouge, par jour étaient bons pour le coeur ? Erreur… » est trompeur pour vos lecteurs, et mérite d’être rectifié. Au contraire, Dr Jean-Pierre Rifler ajoute que « le vin, outre l’alcool, est une soupe d’antioxydants bénéfique contre les dommages des radicaux libres. Cette forme de conservation des antioxydants sous forme alcoolique étant la seule qui permette une biodisponibilité efficace pour notre organisme. Ces polyphénols sont pour le vin le secret des vins de garde et pour nous, des antioxydants bénéfiques car facilement assimilables. Les anciens le savaient bien d’ailleurs et le vin était la seule source d’antioxydants pour l’hiver ». (…)

Fiers de notre produit et acteurs responsables, nous luttons aux côtés des pouvoirs publics, contre les phénomènes d’abus de consommation des boissons alcoolisées. Par toutes nos actions,nous informons les consommateurs en leur fournissant des données fiables et validées scientifiquement. Pour cette raison, nous souhaitons que notre lettre soit publiée dans votre magazine comme droit de réponse à l’article de Christelle Ballestrero, ou que les arguments qui y sont développés servent de base à un nouvel article. Je suis sûre que de nombreux experts sont prêts à développer davantage les arguments scientifiques et techniques que nous évoquons. Nous restons à votre entière disposition, et je vous remercie de l’attention que vous porterez à notre demande.

(La lettre dans son intégralité ici au format pdf)

Quand une agence de presse féminine joue sa e-réputation style sexy

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Facebook c’est géniaaaal ! Non, c’est vrai, on peut y voir tellement de chose ! Tenez par exemple, cet après-midi, au moment de se dire, j’y vais, j’y vais pas, en week-end, et si le train est bloqué, et si l’essence s’évapore… paf je tombe sur un petit mot de Michel Smith à propos des attachées de presse.Incroyable, on apprend au passage que Michel Smith, ce joueur de golf qui nous met en boite, au pied du Canigou, les jours de grève,  tient un blog sur le réseau de skyrock : http://pourlevin.skyrock.com : une folie !

Pour revenir au sujet, il suffit de lire la présentation de cette agence ci-dessous et de bien regarder le visuel de leur communication. 7 femmes pour vous occuper de votre service de presse. Ca décoiffe ! Et en plus elles travaillent !Le petit souci c’est l’image qu’elles se donnent. Bon allez, certainement que cela a été fait avec beaucoup d’humour sur leur propre statut de femme, d’attachée de presse etc… mais ça en dit long sur certains combats contre des préjugés qui sont loin d’être terminés.Pourvu Mesdames que cela vous apporte du client et des affaires, ce sera au moins un bel objectif de rempli.

Dans le texte de présentation de l’agence, vous lirez aussi un concept marketing qui gagne du terrain celui de la e-réputation. Ca peut se résumer par « Qu’est-ce que l’on dit sur vous sur le net ? Et comment je vais vous travailler une belle réputation sur les réseaux sociaux ! »Apparemment, ces dames s’y connaissent et sont prêtes à tout pour nous le montrer. Je n’y vois que du bleu… Et pour voir les photos de ces dames en vrai, il suffit d’aller sur le site de l’agence Bleu Ciel. Y’en a qui vont être déçus : ce sont des portraits !

« Créée il y a 15 ans par Nathalie Dunoir, l’agence gère aujourd’hui une vingtaine de services de presse. L’évolution de son métier avec les nouveaux médias a naturellement induit le développement de l’activité d’e-réputation. Bleu Ciel compte également un pôle éditorial qui assure la stratégie et le contenu de journaux internes, de rapports d’activité, de sites web, de publi-reportages… Sollicitée par de nombreux dirigeants, l’agence étend également l’offre de ses services à la Stratégie Corporate & RH.L’équipe, composée de 7 Femmes, intervient tant au national qu’à l’international. Les langues parlées sont l’anglais, l’allemand, l’espagnol et l’arabe.« 

La vérité sur les métaux lourds dans le vin

 » Selon une étude* largement reprise par les médias et sur Internet, les vins français seraient contaminés par des métaux lourds. Or, en y regardant d’un peu plus près, il s’avère que cette étude est loin d’être fiable. Voici les conclusions des membres de l’association « Les 4 vérités sur le vin » 

Un certain nombre de commentateurs en ont profité pour laisser entendre ou simplement écrire que les bienfaits sur la santé d’une consommation modérée de vin étaient donc annulés par cette contamination. Notre groupe « Les 4 vérités sur le vin » a été alerté par plusieurs bizarreries dans cette étude et a voulu en savoir plus. Fidèle à notre méthode, nous avons voulu savoir si cette étude avait été publiée dans une revue scientifique répondant à nos critères d’Impact Factor (IF) de 5 000 et faisait partie des 10 premières revues dans sa spécialité, or cette revue, qui ne publie qu’en ligne, n’est pas encore classée, elle est sans Impact Factor car créée en 2007. Comme l’étude est en fait une méta-analyse (étude de plusieurs autres études), nous sommes allés voir comment étaient classées les études qui ont servi de base de recherche. Pour faire simple nous nous sommes contentés d’étudier les trois études qui scrutaient les vins français. Aucune de ces études n’avait été publiée dans une revue avec un Impact Factor d’au moins 5000 et aucune ne faisait partie du premier décile. Malgré tout, nous avons continué à chercher en nous disant qu’il fallait tout de même voir comment avaient été faites ces études et quels étaient leurs résultats. Nous avons été très surpris de voir qu’une des deux études qui parlait de vins non effervescents (aussi appelé tranquilles dans le jargon de la profession), l’étude slovaque, avait établi ses conclusions sur 3 vins blancs achetés dans un magasin à Bratislava : on ne pourra pas dire qu’il s’agisse d’un échantillon représentatif de la production viticole française. La deuxième étude, espagnole celle-ci, avait étudié les effervescents espagnols et français, et la méthode utilisée ainsi que l’instrument de mesure portent fortement à caution. La troisième étude est une étude portugaise où les vins français tranquilles étudiés et contaminés au plomb avaient été produits avant 1992, date à laquelle les capsules de bouchage au plomb ont été interdites justement à cause de ce risque même, les chercheurs portugais s’excusant d’utiliser de si vieilles analyses.

Conclusion 1 : au final, toutes nos craintes se sont avérées fondées : cette étude sur les métaux, en plus du parti pris de ne prendre que les vins de l’ancien monde (aucun vin des USA, Australie, Afrique du Sud ou Argentine !) n’est vraiment pas réalisée avec un protocole sérieux et les conclusions sont tout sauf fiables.

Conclusion 2 : les organes de presse anglo-saxons n’ont rien gagné à diffuser une information si peu fiable, quant aux organes de presse et blogs français ils n’ont pas brillé par leur prudence (une étude qui stigmatise seulement les vins de l’ancien monde ça ne vous parait pas curieux, Mesdames et Messieurs les journalistes ?).

Conclusion 3 : il serait temps de l’avouer : une étude dite scientifique peut tout à fait manquer de sérieux voire être de parti pris, il serait judicieux d’adopter une grille de hiérarchisation des études, le groupe « Les 4 vérités sur le vin » en propose une pour tout ce qui peut avoir une relation avec la santé humaine : publication dans une revue avec IF de 5 000 au moins et qui figure dans le 1er décile de sa spécialité; autant être très exigeant quand il s’agit de santé humaine.

Conclusion 4 : le thème santé est repris par tous les groupes français de l’agro-alimentaire (en particulier les groupes laitiers), sauf par ceux qui veillent sur la réussite de la filière vin bien sûr. C’est dommage pour la viticulture qui a pourtant là un support de communication de très grande qualité.

Conclusion 5 : nous aurions été bien inspirés de consulter les spécialistes mondiaux des aspects vin et santé (Curtis Ellison, Serge Renaud, Dominique Lanzmann et Joël de Leiris) au lieu de laisser la rumeur enfler sur les vins français, si vous voulez avoir une idée de celle-ci : faites une recherche Google ou Yahoo avec les mots clés suivants : vins français+ métaux lourds . Le bruit fait autour de cette étude est vraiment dommageable pour les vignerons français.

Conclusion 6 : on peut continuer à consommer de façon modérée du vin français et profiter de ses bienfaits sur la santé ! Nous vous invitons à consulter nos cahiers et notre blog pour avoir plus de précisions sur ce dernier point http://web.mac.com/quatreverites

Fabrice Delorme

Président de l’association « Les 4 vérités sur le vin »

http://web.mac.com/quatreverites

Vendredi 19 décembre 2008

* Référence de l’étude : Naughton DP, Petroczi A. Ions de métaux lourds dans le vin : une méta-analyse de quotients de risque ciblés révèle des risques pour la santé. Chemistry Central Journal 2008