Escarpolette, Ivo à la recherche de l’équilibre avec les vignes de Montpeyroux

L’année dernière quand je l’avais rencontré pour la première fois, j’avais éprouvé  ce vertige, de celui qui se lance dans le vide, et je l’avais surnommé par évidence, le funambule.

La prise de risque, volontaire, plus ou moins forcée, d’abord ! Et cette énergie haut perchée, en haut de ses fûts. Cette manière, habile, qu’il a, de grimper pour tirer un peu de jus de ses tonneaux.

Cette semaine, je l’ai retrouvé dans sa cave, armé d’une chaise longue et d’une longue barre de fer avec laquelle il fait tourner la vis de son mythique pressoir vertical. Le fil sur lequel je l’avais vu s’engager a disparu.
Calé dans sa cave, ses pieds sont maintenant bien plantés dans le sol. Il dégage une telle sérénité que ça m’a semblé facile de faire du vin. Une cuve, un pressoir, une barrique et des raisins. Et puis surtout, la vendange lui a donné des signes de confiance indiquant que la vigne se renforce, gagne en assurance. Chacun mûrit au rythme de l’autre. Le vigneron, la vigne, vers une entente parfaite.

Ivo en profite. En cave, il tente déjà de nouvelles cuvées comme cet assemblage à l’encuvage de Muscat et Macabeu. Je m’impatiente déjà de pouvoir en ouvrir une bouteille.Ca va lui prendre plus de 15 jours de réclusion cet exercice, vider les cuves, remplir les fûts, presser les raisins, attendre que ça cesse de couler. Une histoire d’homme seul, derrière une vieille porte verte ou bleue, on ne sait plus, dans le haut du village. En s’approchant, on entend par moment, le cliquetis du mécanisme de la vis du pressoir. Ca fait les bras ! 
En quittant Montpeyroux, je pense à toutes ces vignes qui valsent. Des propriétaires organisent des bals pour s’en débarrasser sans trop savoir comment faire. La pression immobilière gagne du terrain et les générations ne savent plus se transmettre le métier.La terre se vend pour y planter des bulbes, des clôtures bien droites avant d’y monter des murs en parpaing qui cachent des pavillons aux couleurs criardes et des piscines pleine d’eau bleue ou verte, on ne sait plus !

Le pressoir vertical, un mouvement naturel pour faire du vin blanc

pressoir vin la fontude aubry

Tandis que nombreux vous êtes à vous presser à l’ouverture des foires aux vins, les vignerons s’activent un peu partout dans les terroirs, accaparés par le moment le plus important de l’année : les vendanges.

pressoir vertical

Rendez-vous était donné à 15h00, à Brenas, au nord du lac du salagou, dans l’Hérault. « Si tu veux, cet après-midi, on va presser le terret que l’on a cueilli hier. » me glissa François Aubry. A son domaine, La Fontude, tout se fait à un rythme posé, tout en assurance et en contrôle. Au milieu de sa cave, tout est prêt. Les grappes reposent dans des caisses, au frais. Le petit pressoir vertical trône entre les barriques et les cuves. A proximité, un minuscule fouloir à moteur attend sagement de se rendre utile. Une à une, les caisses sont déversées dans le fouloir dont le moteur électrique ronronne assez bruyamment. Les raisins ainsi éclatés sont ensuite directement introduits dans le pressoir à l’aide d’un sceau. François n’égrappe pas. La rafle a son utilité. Elle va drainer l’écoulement du jus au moment du pressage.

En discutant sur le vin nature et cette insistance persistante que certains ont de fustiger les vins blanc nature, François me déclare : « tu sais, les gens n’ont rien compris à plus de 5000 ans de science du vin ! Oui la destinée naturelle du vin c’est de se transformer en vinaigre, mais à l’air libre. En revanche, si tu laisses ton raisin dans un milieu réducteur, sans contact avec l’air, sa vocation sera alors de devenir du vin ! »

Pour rentrer l’ensemble de la vendange, on tasse un peu les grappes dans le pressoir et à l’aide d’une lourde barre de métal, dans un mouvement de va et vient, François fait tourner la vis qui enfonce le chapeau de bois posé sur le raisin. Le jus est tout à coup beaucoup plus clair. Il va s’écouler toute la nuit et mis régulièrement dans une cuve fermée. Le principe sera de laisser le liquide se reposer pour séparer les bourbes du jus clair. François a déjà préparé deux belles barriques, tout juste rénovée. L’élevage se fera sur lies fines, tout l’hiver.Le millésime 2009 prend son envol.