Vins de Pézenas Languedoc
Vendredis du Vin 62, 2014 le millésime militant résistant du Languedoc

L’hiver déprime. Il suffit d’un ciel gris menaçant, d’une température un peu basse, et c’est le désert sur le marché du samedi matin. Loin de la nostalgie, le soleil me manque. Il est le seul à pouvoir remuer toute cette masse d’ennui qui ne fait que se plaindre au lieu d’en profiter !

Pézenas a parfois des allures de ville fantôme, comme beaucoup d’autres malheureusement. Eloignement des commerces vers des zones d’activités ou la bagnole est la reine et l’apparence une vertu du low-cost et de ses dérivés.
Au cœur d’une ville, comme ici, celle pour laquelle j’ai un attachement profond, quasi viscérale, on touche du doigt l’avenir de notre pays. Nous sommes devenus un immense champ d’attraction touristique qui nous fait vivre. Si nos barreaux sont invisibles, nos contraintes sont bien réelles. Nous ne produisons plus, nous exposons.

panorama bouteilles vins pézenas languedoc aoc

Qui résiste dans ce tourbillon de la modernité ? La vigne en premier, bien que touchée, meurtrie, abîmée par la mondialisation, elle résiste, se relève. Elle est la seule à pouvoir se réjouir de produire, de la richesse, du plaisir, du lien, par millions de bouteilles. Elle tapisse un paysage de plus en plus gagné par le mauvais goût des zones résidentielles et son horrible cohorte de murs en parpaings, brutes. On voudrait que ses pieds ne soient pas arrachés ou alors pour laisser la place à une autre culture, redonnant plus d’espace à la diversité. Et la vigne, forte, se transforme irrésistiblement pour accueillir un nouveau visiteur, dit-on, un oenotouriste, un flâneur de cave, un jouisseur du nez, dans le verre, un gastronome affamé !

A ses côtés, la ville toute de pierre vêtue, a bien des atouts endormis. Que faisons-nous pour la faire vivre ?

L’année commence bien quand on y pense ! On ne peut aller que vers les beaux jours. Les rues seront bien plus vivantes et le vin sortira des caves. Alors en pensant à ce thème des Vendredis du Vin du mois de janvier (initié par Mas Coris), le vin qui m’accompagnera sans faiblir, toute cette année, et les suivantes j’espère bien, sera le vin de Pézenas, qu’il soit celui de l’appellation qui pourrait se voir honoré de disposer de son propre nom, ou un autre du moment qu’il nous enivre d’arômes et de plaisir !

Vous n’avez pas fini d’entendre parler des vins de Pézenas !

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De l’art existentiel de l’oxygène dans une vie de vin un vendredi

De l’air, un peu d’air, j’étouffe. Ce thème de l’oxygène des Vendredis du vin initié par le gars deschamps (http://www.decouverte-vins.com/moi-president-des-vendredis-du-vin-60-oxygene/) me fait comme un appel d’air.

J’en manque. Inspiration, on se calme. Ca vient !

Direction la cave. J’aime son air pur. J’aime ces petits caissons d’oxygènes alignés méticuleusement, regroupés par auteur et par région, soigneusement obturés par un bouchon de liège. Ils voyagent dans le temps et transportent la vie. Incroyable petits caissons de liquide qui dès que je les ouvre m’offrent un sacré bol d’oxygène.

Ca sent des parfums incroyables, capturés et relâchés ainsi dans l’espace d’un verre de verre. Le fruit rouge domine souvent avec le fruit noir, le cassis et la fleur de cassis. Je respire un univers, alors encore les deux pieds dans ma cave, enterrée dans cette belle ville de Pézenas, voutée, faite de pierres plusieurs fois centenaires. Le passé a été saisi dans ce cocon minéral. J’ouvre une puis deux puis plusieurs bouteilles. Les odeurs se mélangent ou se combattent. Illusionniste, je diffuse des extraits de terroirs, magicien, je fais renaitre le soleil qui sucre le fruit, le vent qui caresse les feuilles, les pierres qui lestent le sol, les essences de la garrigue, rarement le bois que je fuis.

La cave enchante des parfums de la vie.  Je revis enfin. Je remonte prestement à la surface, accroché à mes bouteilles d’oxygène comme un homme grenouille, un peu arrogant, (allez savoir…), sans m’essouffler, 3 étages vers le ciel, le paradis, la lumière. Ca sent meilleur par ici. Ca respire la cuisine qui transpire et s’active. Heureux homme, sur la table, je pose ces repères de verre, véritables phares pour mener à bien le repas. Autour, l’euphorie va nous gagner. Elle va nous monter à la tête, délier nos langues. On rira en se régalant d’une petite crapule,  sous une nuit de lune blanche et sans manquer de puch. Ah comme c’est plaisant de vivre sous cette oxygène !

Le midi c’est une terre de métissage, Guilhem Dardé, le Noé des cépages du Languedoc au Salagou

Les Vendredis du vin numéro 56 sur le thème de l’arche de Noé des cépages oubliés (merci à Jef Heering) ont réveillé une rencontre faite au nord du lac du Salagou, au Mas des Chimères, chez Guilhem Dardé !
Michel Smith, dont le slogan pourrait être, « le goûteur de vins qui travaille du chapeau », ou quelque chose dans ce style, bref, ce Michel Smith qui collabore à la toute nouvelle revue 180°C avec autant d’enthousiasme que si c’était son premier contrat, a ce matin, bien plus tôt, publié pour l’occasion cet article intitulé « l’oeillade c’est le cinsault de la vie« , un cépage un peu oublié qui se termine par ses mots : « Dans sa franche nudité qu’il expose sans retenue, c’est le plus étonnant des vins joyeux et spirituels qu’il m’ait été donné de goûter dans le Midi. »

mas des chimères oeillade salagou
Et me voilà, salivant, repensant à cet oeillade du Mas des Chimères et à cette rencontre. Monsieur Dardé avait ponctué l’une des vidéos : « Le midi c’est une terre de métissage » pour expliquer l’intérêt de planter sur sa terre, des cépages d’ici comme le mourvèdre, le muscat petit grain etc…
L’oeillade est un cépage à part entière qui comme d’autres en Languedoc a subi la concurrence des cépages améliorateurs comme le cab, le merl, la syr etc…
Le retrouver en bouteille c’est redonner son sens au terroir ! Le boire c’est plonger dans les racines du languedoc ! Je ne connais pas celui de Thierry Navarre dont parle Michel Smith, mais ce que je sais de celui de Ghilhem Dardé, c’est qu’il est gourmand à souhait. J’aime son côté beaujolais ! Il est buvable, croquant, léger, plaisant ! Pas la peine de se pincer les fesses et de plisser les yeux pour se croire le seul à pouvoir l’apprécier comme tant d’autres vins dans des contrées pas si éloignées…

Le vin est un plaisir qui se partage ! ce n’est ni une science, ni un luxe, ni un pouvoir !

Je vous remet la vidéo de Guilhem Dardé, c’est un régal de l’entendre et pour en savoir plus sur le domaine, je vous conseille égoïstement de lire cet article : http://www.showviniste.fr/vignerons/mas-des-chimeres-guilhem-darde-vigneron-au-bord-du-lac-du-salagou-en-terrasse-du-larzac/ 

Et au passage, l’oeillade est en vente à 6,90 euros ttc sur Internet : http://www.1907.fr/nos-domaines/mas-des-chimeres/mas-des-chimeres-l-oeillade.html
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Vendredis du Vin 54 : jouons le jeu …d’une nouvelle appellation : Languedoc-Pézenas

Jouons, jouons nous demande Anne Graindorge pour cette 54ème édition des vendredis du vin, si possible les yeux bandés ou à l’aveugle comme on dit, en interdisant d’identifier la ou les bouteilles que l’on va déguster.

Ca peut être un jeu c’est certain et pour y avoir goûté, l’exercice en plus d’être très formateur vous oblige à l’humilité.
Ca peut être aussi une étape indispensable à mettre en place dans cette recherche de distinction qualitative en Languedoc.  Prenez par exemple, au hasard, la mise au point, dans cette hiérarchie des appellations du Languedoc, du Grand Cru Pézenas !
Tiré par le syndicat des Coteaux du Languedoc, il doit permettre de hisser en haut de la pyramide (ça plait beaucoup les pyramides dans les écoles de commerce, c’est pour ça) des terroirs qui ont été identifiés et qualifiés de rares, complexes et expressifs.
A côté de celui du Pic-Saint-Loup, des Grès de Montpellier, pour ne citer qu’eux parmi les 10 au total, le terroir de Pézenas doit désormais s’appliquer à respecter un cahier des charges qui définit des critères très précis.
Voici comment j’ai pu assister à ce jeu, très risqué pour les participants, d’une dégustation à l’aveugle de leurs propres bouteilles. Imaginez la partie, vous êtes vigneron, vous amenez vos cuvées que vous jugez aptes à rentrer dans le cadre de l’appellation Languedoc – Pézenas et vous vous retrouvez dans une salle de dégustation, en terrain neutre, avec vos collègues, tout aussi nus que vous, paradoxalement de par le fait que les bouteilles soient recouvertes d’un cartonnage empêchant toute identification.
Au fur et à mesure de la dégustation, les quilles se classent sur les tables, à droite celles qu’on exclut parce qu’elles présentent un défaut, à gauche celles que l’on met de côté parce qu’elles ne remplissent pas tous les critères sélectifs, et enfin, au centre, les élues, le top, les perles rares, les méritantes.
Chacun des vignerons ou coopérateurs, passant de l’une à l’autre, recherche forcément sa propre production. « Saurais-je reconnaître mes vins ? » Un jeu dans le jeu en quelque sorte !

Jean-Philippe Granier, responsable technique des Coteaux du Languedoc, mène la partie avec élégance et pédagogie. Il n’est pas si facile que ça que de sélectionner les différentes cuvées. Déguster à plusieurs c’est toujours partager ce que d’habitude, en tant que professionnel, on fait quasi quotidiennement dans sa cave ou au pied de ses cuves. Estimer qu’un vin présente un défaut ou n’est pas assez qualitatif ou typique de l’appellation quand cela peut-être son propre vin, réclame une certaine dose d’humilité. Et le résultat sera vu de tous bien évidemment !

C’est un jeu où tous les participants ont quelque chose à y gagner ! Savoir prendre un risque, se mesurer à l’altérité, accepter de travailler collectivement, pour au final proposer à la vente, aux consommateurs, certes un vin de terroir, et aussi un vin d’appartenance, un lien qui fusionne les vignerons, la terre, l’histoire, la ville de Pézenas.

vin bleu
VdV 53 : Je Vois du Vin bleu comme une orange

Le symptôme était encore inconnu à ce jour, limité à mon terroir d’adoption Le Languedoc, bien loin de cette province Wallonne où ils voient rouge à un tel point, qu’ils disent voir le vin, orange !
Les hommes de médecine, si bien raillés par le verbe d’un certain Molière, qui bien avant ma petite personne, est venu ici en terre viticole, distraire les bourgeois, les nobles et les curés, au sens large le mot curé mais pas trop tout de même, ces mé…de…cins donc auraient pu conclure à une hallucination.

Une quelque prise de substance liquide, tout droit sortie d’une bouteille, pourrait bien amener à perturber la perception des couleurs !
Et quoi ! Faut-il que nous voyons tous, le même monde, dans sa noirceur.
Et pourtant, j’ai bien entendu parler, vous aussi, de ces gens qui voient la vie en rose. Tiens, en voilà une belle couleur pour une bouteille ! Une si belle palette de rose, qui va du pâle pastelle au saumon-orangé, vif comme un bonbon acidulé !
Alors oui, nous pourrions convenir que le vin ne serait que rose mais je m’y refuse. Non par choix politique mais parce que devant moi, je le vois bien, ce vin est bleu comme une orange. Il est de ces jus que beaucoup qualifie de nectar. C’est là une première preuve ! Sa rondeur en bouche me calme les sens, me rassure !

Il est bleu mais il est si bon ! Il tombe du ciel dans mon verre et apporte fantaisie et couleur à ma table d’hiver qui en manque tant, même si à Pézenas le soleil ne nous quitte pas de l’année. Il est une terre à lui tout seul, qui tourne sur lui-même dans son écrin de verre. Sa complexité épouse mon humeur hédoniste.

Je le veux entièrement bleu, bleu comme une orange, bleu comme un raisin mûr de grenache avant la vendange, bleu comme le ciel du Sud qui lui donne de la chaleur, bleu comme la surface plane de la Méditerranée, un matin d’été, quand juste une légère pression de l’air chatouille les feuilles vertes pour mieux faire respirer la vigne.
Je Vois le Vin bleu comme une orange, n’en déplaise à certains, je vois le vin comme je le bois, par instinct, par plaisir, par envie : bleu !

VdV 51 tant qu’il y a de la vigne, il y a de l’espoir

Pas si facile ce thème pour le VdV51, des vins vivants pour fêter la mort !

Légèreté, humour, poésie ou réalité, les réactions ont été de ces quelques natures. Je ne savais pas vraiment comment vous le prendriez. J’aime à souligner que la vie ne doit pas être prise au sérieux et paradoxalement je suis le premier à vous en demander ! Alors je remercie vous tous qui avaient participé par vos messages et par votre lecture.

Si, au départ, parce que, au début du mois, l’annonce du thème coïncidait avec la toussaint ce 1er Novembre et son suivant la fête des morts, certains ont pensé que ce thème ne serait plus d’actualité le 30 du mois, on doit reconnaître que pour ceux qui ont participé, l’actualité n’est en rien dans cette affaire.

Pour ma part, il s’agissait de pousser la symbolique du vin jusqu’à son essence même. S’il est festif et alimentaire, il constitue aussi un liant social entre les vivants et au-delà, par delà ce qu’il représente, la résurrection, il est un passeur de temps, un témoin du passé, un présent qu’une génération fait à une autre. La vigne comme le vin entre dans la composition de cette alchimie que l’on appelle patrimoine, c’est à dire une trace de nous-même et la vision que nous avons de ce monde.

LA bouteille ultime :

« De battre mon coeur a cessé » Côtes du Roussillon Village 2010 Hervé Bizeul. pour olivier mercier sans autre commentaire.

« La Landonne 1998 » d’E. GUIGAL  pour Antoon « La retro-olfaction me fait penser que ce vin est bien comme les individus de son terroir. »

Ciel liquide de Jean-philippe Padié pour Franck Kukuc « Je suis mort et je suis vivant dans toutes choses, dans les rires, les pleurs. Dans « ces petits riens qui sont à peu près tout  »

Château Suduiraut 1962 pour Laurent Baraou : »(mon année de naissance), parce que j’en ai déjà bues quelques quilles, qu’il en reste dans la cave car mon grand-père maternel en avait achetées suffisamment suite à ma naissance ; surtout parce que si finalement je survis une ou deux fois, il en restera pour la prochaine alerte. »

Moulin à Vent « Dernier souffle » de Richard Rottiers pour Bertrand Joinville

LES vivants

Théophile Milan du domaine Milan : « Mais ce que je veux dire par la, c est que, malgré tous les défauts qu’on peut accorder à ce genre de vins, ce sont les seuls qui, à mon sens, arrivent le mieux a restituer l’énergie de la terre, et celle du vigneron qui l’a fait. »

Philippe Rapiteau sur la pipette : « Clic!… Le bruit du décapsuleur, près de mon oreille, me fait sursauter et me sort de ce rêve étrange, venu d’ailleurs!. »

LE Sauve qui peut

Michel Smith sur pour le vin : « Ce n’est pas un Vendredi 13, mais c’est pourtant ce dernier vendredi de Novembre que j’ai choisi de mettre les voiles. Pourvu que l’Airbus ne se crache pas demain au dessus de la Mauritanie, c’est tout ce que je demande ! Quant à la bouteille d’œillades, elle est dans la valise… »

LES positives

Sylvie Cadiot sur facebook : « Alors que les enterrements, c’est autre chose. Surtout lorsqu’il s’agit du sien. Déjà, on ne l’avait pas programmée cette assemblée d’amis qui viennent juste pour toi. C’était une surprise !  »

LES belges… insatiables

Patrick Bottcher sur Alsacemaniac :  « Tout cela pour dire que la passion va souvent avec le mort, à la fois dernier tango ou dernière cène, enfin plutôt Grande Bouffe… pourvu qu’il y ait l’ivresse.  »

LES gourmandes
Nathalie Merceron sur Saveur Passion « Et tout goûter, comme on goûterait tous les plaisirs avant de tirer sa révérence. On étalerait les bouteilles comme autant d’amis à saluer une dernière fois, on les partagerait pour tisser un voile vineux entre nous, nous y enserrant les uns contre les autres, comme pour ne laisser aucun vide entre nous. Plus aucun. »

Véro sur Mas Coris : « Habituellement,  j’ai le vin gai, mais imaginer sa propre mort, c’est surtout imaginer les gens que l’on aime dans la tristesse et c’est pour moi la partie la plus difficile, j’aime tellement rendre les gens heureux ! »

Anne Graindorge sur anne graindorge  « Je vous livre ma vie dans une goutte d’eau, mon eau dans une goutte de vie, une eau de raisin fermenté, un vin qui vit, je me livre à vous dans une goutte d’or. »

LES premières fois

Sandrine Goeyvaerts sur La Pinardothek « Faire un pari avec la Faucheuse: offre-moi un pinard qui me transporte, qui m’émeuve, comme aucun autre ne pourra jamais le faire et alors je veux bien être à toi. »

LES monte au ciel vite vite

Dominique de Gouges, « Pleinement rassasiés, mes chiens et moi reprenons la route. Que m’a donc servi cet ange? Du Pico? Du Grossot? Peu importe, nous sommes au Paradis!  »

LES même pas peur :

Antonin Iommi-Amunategui dans le Vindicateur « C’est difficile, le vin ultime. Parce que choisir, c’est renoncer. Et, en l’occurrence, renoncer à des dizaines, à des centaines de vin qui seraient sûrement à la hauteur de cette dernière heure… Comment faire ? Se livrer à la magie blanche la plus obscène, je vois que ça. »

LE Moi d’abord

Monsieur Berthomeau sur Berthomeau : « Comme je les aime tant vous ferez donc péter les couleurs et, même si je ne pourrai sécher les torrents de pleurs des éplorées lorsqu’elles redescendront du cimetière, il faudra que vous me fassiez fête, en faisant péter aussi les bouchons pour faire honneur au cochon. »

LE Décharné

Christian Bétourné sur Littinéraires Viniques « Achille tressaille, quand au premier nez, le fumet puissant du gibier corrompu le renvoie à sa dépouille. Mais cela ne dure pas.  »

LES poêtes :

Une épitaphe par Judith sur The Drinkin Scenario « Mon dernier vin, je veux qu’il soit aimé. C’est tout. »

Un texte de Robert Desnos par Marie Lottin « La dernière goutte de vin s’allume au fond du verre où vient d’apparaître un château.  »

L’Etranger :

Christian Schiller sur Schiller Wine As far as I am concerned, a Fête du Bordeaux with good food and lots of Bordeaux wines would be a perfect venu for exiting this world.

LE Moi j’évite le sujet :

Vincent Pousson sur Idées liquides et solides « Plutôt que le dernier, en Espagne, on dit l’avant-dernier, el penúltimo, c’est ainsi. Donc, avant que « trop d’expo ne tue le caviste’, mon penúltimo, il peut venir de plein de terroirs de France et de Navarre, mais ce qui me ferait plaisir, par dessus tout, c’est que cette petite bouteille ait été achetée chez le type de la petite boutique, au coin de la rue. »

L’EN haut de l’ebuzzing

Olivier Grosjean dans Le Blog d’Olif : « Paré pour l’effroi du néant, dans l’espoir d’une réincarnation. Pourvu que ce ne soit pas en bon vivant … »

Le Christic

Eric Leblanc sur Le ptit blanc sans col avec « S’en suivrait une discussion avec Jésus, déconneur devant l’éternel, élu meilleur sommelier de l’au-delà à plusieurs reprises : – « Tenez, goûtez-moi ça… C’est mon sang… Nan, j’déconne !… »

Les RIGolos :

Le Bicéphale Buveur  avec son Petit Ours Brun » Côtes-du-Rhône 2010 de Matthieu Barret :  « N’empêche, à la vue de l’étiquette du « Petit Ours Brun », ma mère a failli me reconnaitre. »

Le Doc Adn sur Escapades : « Son petit-neveu Donovan Big John a tenté de reprendre le flambeau, mais a rapidement décrédibilisé le blog historique, en s’associant avec le groupe Castel lors du lancement d’un vin « bio », selon les critères de la 115 ème réforme du cahier des charges européen du vin biologique…  »

L’Emotion :

Monsieur Septime sur Mistelle : « Vin « vivant » ou pas, buvable ou pas. Quelle importance ? L’important est le partage ; sa peine, des souvenirs et l’espérance car la mort se doit d’être une renaissance. »

Catherine Champeaux sur Une femme des Vins « Puis je regarderai, L’oasis à l’horizon, Qui tremble qui se devine, Qui finit par sombrer, Et dans l’odeur des fleurs, Qui bientôt s’éteindra, Je sais que j’aurai peur, Une dernière fois. »

Iris sur Lisson : « et dans cette communion pendant 3 jours, il y a un peu de ce sang, qui ne coule plus dans son corps, qui se mêle au notre, à cette sève chaude de nos vies »

Le vin des cousins avec ce mot « Pére du Clown Patatapon quand les légalistes de l’AOC ne lui avait laissé que les VDF pour s’exprimer, metteur au point des pets’ Nats’, et défenseur du pineau d’Aunis, Christian qui s’était fortement fait pincer par un « crabe » a finalement tirer sa révérence pendant ses dernières vendanges dans un accident de tracteur près de Néron, son village. »

Et pour finir LEBaron sur ShowViniste « Cependant, si le temps me l’accorde, j’aimerai pouvoir laisser aussi quelques breuvages de mon cru, un seul vin me suffirait, un saint sot, ça m’irait bien.  »

Merci à tous, si j’ai oublié un billet, prévenez-moi.

 

 

 

Ciel liquide, « Et, au moment où il le sut, il cessa de le savoir »

oo.12 Samedi 1° Décembre 2012. Reste 20 jours…Et mon billet pour les VDV 51 qui n’est toujours pas prêt. Pas de blog pour le publier, Olivier Lebaron l’initiateur a gentiment accepté de m’héberger sur son blog. Je suis seul. Je n’ai pas d’idées. Franck Kukuc

Là devant moi, juste une quille de Ciel liquide de Jean-phi Padié pour m’accompagner. Ce ne sera pas mon dernier vin de dernier festin mais j’aime ce nom qui devrait m’inspirer. J’ai envie d’écrire sur son nez de cassis, de senteurs provençales, sur sa minéralité…..

« qui parsème d’étoiles mon coeur.» « un vin de Bohème, amer et vainqueur »

 

« Franck, dis moi…question : qu’est ce qui t’a amené parmi nous. Moi je sais, trop de médocs et surtout je manquais d’air. »

Non, non, NON ! c’est pas vrai. Pas maintenant…(je vous passe les mots vulgaires) je suis, je suis…MORT !

« Ne me dis pas que c’est dû à ton amour des vins vivants, ce s’rait con non ? Par contre, si c’est pour rencontrer tous les vignerons disparus, tu vas avoir le temps. Ou alors, tiens ! T’aimes tellement le minéral que tu voulais savoir quel goût aurait ta pierre tombale» me dit un moustachu hilare

Hmm, le style « gonzo » de Lester lorsqu’il s’adresse à ma personne ne me fait pas sourire.

Eh oui ! Je n’en étais pas certain, mais après avoir bien détaillé le moustachu bavard, il faut se rendre à l’évidence, je suis face à Lester Bangs – Rock critic des années 70 de Rolling Stones,de Creem, etc.

J’imaginais qu’un Saint m’accueillerait, tout du moins Bacchus. Mais non, je suis là à papoter avec un journaliste rock, le journaliste musical qui m’a fait aimer le rock d’avant le business, d’avant les méga-productions, le sincère toujours prêt à descendre l’artiste de son piédestal si sa galette était de moins bonne qualité. Ok ! Mêmes avis que moi en ce qui concerne le monde du vin ? Peu importe, j’aurai tout le temps de trouver des réponses, des similitudes.

Où je suis ? J’ai pas envie de parler, de répondre au « flow » du Burroughs rock. Si je veux savoir une chose, maintenant, c’est pourquoi je suis là au milieu d’un ailleurs que je n’arrive même pas à décrire.

Et puis… Je les ai vu. Comme dans une session skype avec juste de l’air pur en plus.

Si proche, si loin, mes proches.

Je ne suis pas au dessus, ni au dessous, mais partout : près d’eux , dans cette larme, dans ce verre qu’ils et elles tiennent…J’aurai pu crier mais je suis apaisé. Ne pleurez pas ce que vous avez perdu mais réjouissez vous de ce que vous avez connu. Je suis mort et je suis vivant dans toutes choses, dans les rires, les pleurs. Dans « ces petits riens qui sont à peu près tout » chantait Gainsbourg.

On vient d’ouvrir la bouteille que j’avais demandé pour mes funérailles. Il n’y a pas de larmes pourtant elle leur a coûté « une tête ». Une Romanée St Vivant 2005, une de ses bouteilles que je n’aurais jamais pu effleurer – même pas boire – de mon vivant. Ce rêve inaccessible, j’avais demandé à tous ceux, toutes celles que j’aime de se l’offrir en souvenir de moi.

A ce moment précis, il n’y a que des sourires et ce durant une minute. Un moment de silence pour apprécier ce que l’on va découvrir, pour s’affuter les papilles.

La minute est passée, ils hument et grument, boivent et parlent sans gênes de ce que ce vin leur évoque. Ils citent des anecdotes du temps où j’étais parmi eux. Ils savaient que cela me ferait plaisir. Ils me racontent, ils me boivent. Et nous avons alors l’étrange sentiment de comprendre enfin cette phrase « ceci est mon sang »

  • Ils me partagent, j’espère que leur peine m’oubliera
  • Adieu, je vous aime et je vous emporte.

En cet instant, j’ apprends le silence. Une légère brise musicale souffle sur nous : Shirley Horn fredonne « Here’s to life ».

Pour apprécier les silences entre chaque gorgées d’un vin qui ne sera bientôt plus de ce monde…

Commence alors ma dégustation sans fins. Au revoir Lester, voici que s’avance Marcel Lapierre le regard bienveillant. Il me sert La Sève Astrale du Paradis…un vin de (bonne) table du regretté Pierre Weyand. Du Ch’nin, mon cépage préféré. D’abord une couleur d’or, un nez qui prends le temps de faire éxister une passerelle entre le passé et le présent. L’oxydatif, on s’en fout maintenant. Ça sent bon, c’est tout !

En bouche, de la fraîcheur, la vie chargée d’expériences.

Une phrase me revient, la dernière de Martin Eden, roman de Jack London : « Et, au moment où il le sut, il cessa de le savoir »

…………………………………………………………………

Une main me secoue avec la douceur forte de sa jeunesse. « Papa, tu t’es endormi devant l’ordi, t’es fou, tu aurais pu renverser du vin sur le clavier ».

Ainsi, ce n’était qu’un rêve. Un woodstock 69, « I’m going home » des Ten years after, passe en sourdine sur la chaîne Hi-Fi.

Je suis prêt

Prêt à découvrir les vins, ses orfèvres, ses buveuses, ses buveurs

Prêt à « retourner à la terre » mais vivant. « A l’âme de la terre »…Demain, je nous ouvrirai un Champagne de Françoise Lebel   Et ce ne sera pas encore le dernier verre plutôt l’avant dernier, le pénultième cher au philosophe Gilles Deleuze

Article de Franck Kukuc, que vous pouvez retrouver sur son profil facebook : http://www.facebook.com/cardamome44

 

 

o temps suspend ton vol
VdV 51, le vin est un témoin du temps, un passeur du vivant

Le vin jusqu’au bout d’un souffle, sans soufre ou si peu, comme un remède à cet ennui mortel, revenir au point de départ, le néant.

Le vin jusqu’à la lie, non filtré, non collé, un pur jus de vie pour s’enivrer comme on tombe amoureux, par légèreté ou par passion.
J’ai dans mon verre le sang d’une vigne qui ne veut pas mourir, qui respire autant qu’elle parfume l’air. Elle tapisse toujours le sol, vivace, ligneuse et apporte au paysage une diversité de couleurs au rythme inusable des saisons.

Dans ma cave, les bouteilles semblent alignées comme des urnes funéraires ou de petits cercueils. Ce sera un lieu de fouille pour les générations qui résisteront aux prophéties comme aux atteintes à l’authenticité.

o temps suspend ton vol
o temps suspend ton vol

Mais alors, bien au-delà de ma propre mort, que sera le vin ? Que sera ce mode de vie basé sur l’échange, la diversité, l’altérité ?

A cette question je ne peux répondre. Déjà, je n’ai aucune idée du jour d’avant, d’avant ma mort je veux dire. Il m’est, je crois, impossible d’imaginer ma propre fin et d’en entreprendre un funeste compte à rebours. L’humour serait le seul moyen.

Néanmoins, le jour d’après, je le vois mieux. C’est certain, il sera sans moi.
Je n’aurai eu aucune trace ou si peu, quelques écrits, quelques ersatz  numériques sous forme de photos, de textes, une vie digitale perdue dans une masse impensable d’autres vies.
Cependant, si le temps me l’accorde, j’aimerai pouvoir laisser aussi quelques breuvages de mon cru, un seul vin me suffirait, un saint sot, ça m’irait bien. Je dis bien un vin fait de mes mains. Un vin qui viendrait d’une vigne que j’aurais entrepris(e) de dompter en me jetant à corps perdu sur une terre adoptée. Un vin qui sentirait bon le fruit. Un vin que mes enfants aimeraient partager pour se souvenir de leur enfance, de leur père adoré, cet être lunaire qui n’a fait qu’apparaître par éclipse dans ce monde ensoleillé. Ils seraient encore dans cette complicité que j’essaye de cultiver avec eux, se rappelant du confort de l’innocence d’avoir été enfant, quand moi leur père je les abritais.
Oui c’est çà ! Je veux un vin qui témoigne, qui soit la vie, qui enchante et qui séduit, un vin qui s’ouvre si on lui en laisse le temps, un vin qui donne soif, qui donne envie comme les cinsaults d’Emile Heredia, comme les gamay de chez Marcel Lapierre et le Ploussard de Monteiller d’Evelyne et Pascal Clairet.

Côté musique, pour finir, il y a une chanson de Jacques Brel qui répondra davantage à la question du jour d’avant :

Vendredis du Vin 51 : au-delà de l’inspiration avec les dessins de Rémy Bousquet

Comme me l’a fort justement rappelé Vincent Pousson, le jour des morts, c’est aujourd’hui le 2 Novembre !
Pour ce thème imposé du VdV 51, vin vivant pour fêter la mort, l’inspiration sera peut-être profonde et signifiante pour certains et plus difficile pour d’autres. Pour nous aider, Rémy Bousquet propose quelques légèretés.

Annonce du thème des VdV51

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Les Vendredis du Vin n°51 : Des vins vivants pour fêter la mort !

Nous en étions au numéro 51, ça semblait si facile pour trouver un thème à ce VdV :  Pastis ou Vin ? Faites votre numéro !

Mais voilà, sous l’influence des couleurs de l’automne, trimballé par un vent du nord, glacial, saisi par ce putain de changement d’heure qui vous glisse irrémédiablement dans les ténèbres dès le soir venu, le temps fait son affaire et use sans diplomatie les plus optimistes d’entre nous. Novembre commence en fanfare avec son premier jour pour davantage nous plonger dans un sombre hiver.
Pézenas m’a donné à apprécier une version différente de celle de ma Normandie profonde, jour de visite imposée des cimetières dans une grande tournée familiale. Martror ! Fête des morts célébrée en déambulant dans les ruelles étroites de la ville, procession signifiante, rituel partagé vers un sens unique : trouver le destin de nos âmes.

Le guide

Alors je vous invite à nous faire partager le vin du dernier festin. Quel serait l’ultime vin à retenir ? Avant un dernier souffle, quelle serait votre dernière gorgée ? Aurez-vous le vin gai ou le vin triste ? Serez-vous seul ou accompagné ? Et si cette fin vous effraie, passez donc à l’étape d’après et imaginez le vin de vos funérailles, qu’aimeriez-vous laisser dans votre cave pour arroser vos amis ?

Pour ceux qui n’ont pas encore d’existence digitale et qui souhaiteraient participer aux VdV51, envoyez-moi votre billet (olivier.lebaron@showvin.com), je le publierai ici-même en votre nom !