Ivo Ferreira balance tout ! du haut de son escarpolette

Bonne nouvelle, le vigneron est de nouveau perché. C’est la saison peut-être…

Il me semble, comme je l’avais déjà un peu deviné, que, si il a apparemment trouvé un équilibre, Ivo Ferreira demeure sur les hauteurs. Un peu plus près des étoiles, dans sa parcelle de Carignan, au pied d’Arboras, sublime village à quelques pas de Montpeyroux, Ivo montre le chemin : « bon écoutes ! tu montes vers le café et là tu prends à droite. C’est en haut tu verras ! au bout de l’impasse.»

panorama arboras montpeyroux languedoc

Etonnant pour un mec comme moi qui souffre autant du vertige de revenir chaque année grimper chez Ivo, sur ses cuves en béton, sur ses barriques et maintenant sur son flanc de montagne. Un incroyable panorama sur le début de la plaine de l’Hérault. D’ici, de là, il domine Montpeyroux, du regard bien entendu, rassurez-vous, pas plus, Ivo sait garder sa mesure et sa place,  et aussi Aniane, un peu plus loin et ce jusqu’à la mer à l’horizon. Mon regard traverse Pézenas forcément sans m’en rendre compte.
Ivo s’est donc installé sur les hauteurs d’un village perché, au bout d’une impasse, jonchée ce dimanche-là de caisses à vendanger, de chaises, de tables, d’un apéritif installé dans la rue avant la mise en place d’une longue tablée. Bon, au moins, il ne sera pas tout seul à faire du vin dans la rue. Il lui reste de quoi s’occuper cet hiver pour aménager sa nouvelle cave ; un hiver béton !

carignan escarpolette montpeyroux languedoc

A propos de la vendange du Carignan, Ivo est ravi, sa cuve en est remplie à ras bord. Toujours la même manière de faire, par macération carbonique, grappes entières sans foulage, tel quel. On cueille les raisins, assez petits pour du carignan, entre amis, sans chercher la productivité. Toute la parcelle trouvera sa place dans le fourgon, calée dans des caisses. Midi passé, sans trop se presser, on s’en va vers la cave et caisse après caisse, Ivo enfourne sa vendange dans ses grandes cuves béton, trouvées là dans leur jus. Pas de soufre, pas d’instrument de mesure. Ivo se réjouit de ce millésime prometteur et généreux. Il m’invite à plonger la main dans la cuve pour ressentir la chaleur déjà incroyable de la vendange précédente. Voilà, il referme la trappe. Seul, le propre poids des fruits servira à compresser lentement par gravité les baies du raisin. Je n’en reviens toujours pas de cette simplicité. Ca fait écho aux nouvelles que je lis dans le Midi Libre depuis quelques jours, les fameuses vendanges à l’ancienne ou vendanges d’antan. Quelle connerie tout de même ! Certes si la technicité de ce monde a transformé le métier pour nombres de producteurs d’aujourd’hui, faire du vin est un acte si fondateur de l’homme qu’il ne saurait s’attacher ni au temps ni à la mode. Il ne se subordonne pas à la variation des époques et des civilisations humaines.

ivo-ferreira-escarpolette

J’en ai la certitude. Ivo va bientôt s’aménager une aire de jeux au-dessus de chez lui, au-dessus de ce vignoble d’adoption. Et il se balancera, au soleil et sous le vent, un verre de petite crapule dans la main.

« Ses bras tendus tenaient les cordes au-dessus de sa tête, de sorte que sa poitrine se dressait, sans une secousse, à chaque impulsion qu’elle donnait. Son chapeau, emporté par un coup de vent, était tombé derrière elle; et l’escarpolette peu à peu se lançait, montrant à chaque retour ses jambes fines jusqu’au genou, et jetant à la figure des deux hommes, qui la regardaient en riant, l’air de ses jupes, plus capiteux que les vapeurs du vin.” Maupassant Contes et nouvelles,t. 1, Partie camp., 1881, p. 374.

Pour découvrir un peu plus Ivo :

http://www.showviniste.fr/vignerons/escarpolette-ivo-a-la-recherche-de-lequilibre-avec-les-vignes-de-montpeyroux/

http://www.showviniste.fr/vignerons/domaine-de-lescarpolette-ivo-ferreira-vigneron-a-montpeyroux/

beaujolais villages bernard pivot
Beaujolais Villages Cuvée Bernard Pivot : Bon élève du Savour Club !

Parmi les rares bouteilles que je reçois par la Poste pour dégustation, celle-ci m’a de suite intriguée. Je me suis de suite demandé si ce vin serait de bonne tenue et au moins aussi plaisant que l’homme peut l’être ou l’avoir été pendant toutes ces années dans ses émissions de télé qui ont construit, enfant puis adolescent, mon rapport à une certaine culture du livre !

A bien y regarder, si je ne connais pas plus que ça le bonhomme, j’ai le souvenir de ses « Apostrophe » comme des shows télé ne faisant pas toujours dans le sérieux et le cul serré. Il serait fort justement  naturel de déguster une cuvée Bernard Pivot qui puisse se boire facilement, sans fatiguer le palais, sans ennuyer les convives pendant un repas. Au contraire, elle apporterait un brin de fantaisie sur une table de partage.
Le Beaujolais et par extension le Gamay (cépage exclusif du Beaujolais) sied entièrement à cette exigence. Il est de ce vin de plaisir, de gourmandise qu’on aime à se resservir. Fruité, léger, ne faisant que 12,5°, il enchante agréablement la bouche et accompagne ces petits plats de brasserie comme une saucisse lentille, une bavette grillée ou un petit pot au feu sans prétention.

beaujolais villages bernard pivot
beaujolais villages bernard pivot

Sur l’étiquette de cette cuvée, on peut lire ces quelques mots de Monsieur Bernard Pivot :
« C’est à Quincié que j’ai découvert l’école, la beauté de la nature, l’amitié, la gourmandise, les Vendanges. C’est à Quincié que j’ai été initié au plaisir de déguster du bon vin. Durant toute ma vie, le beaujolais-Villages aura été dans ma cave, sur ma table et dans mon coeur. Je suis heureux aujourd’hui que ce beaujolais-Villages qui porte mon nom soit aussi dans votre verre. »
Vous aurez remarquait, bien sur, c’est truffé de fotes d’orthographes ! On le croyait au-delà de tous soupsçons  et bien le voiçi démasqué !!! Si Bernard Pivot a su choisir une très bonne cuvée avec les vignerons de Quincié en Beaujolais(http://www.signe-vignerons.coop), par contre, il a zéro en dictée !!!

Pour trouver des bouteilles du Monsieur de la télé : rendez-vous sur place à Quincié ou sur le site Internet du Savour Club qui eux n’hésitent pas et annoncent carrément : « Un nom célèbre pour un vin exceptionnel ! » A vous d’apprécier non ?

 

Pour information, Bernard Pivot c’est aussi :

Dictionnaire amoureux du Vin.

1 Comité de Défense du Beaujolais !

Les dérives de la mondialisation jusque chez les vendangeurs dans les vignes de Pauillac

Tandis que, dans le Bordeaux des belles bâtisses et des grands noms, celui des bouteilles qui se vendent à des prix déraisonnables jusque dans les rayons surchauffés et ultra-lumineux des rayons des hypermarchés, on se prépare à faire la guerre pour défendre son « Château » contre ces perfides d’américains qui voudraient bien s’en emparer, pour parer, un peu plus, de beaux atours leur propre exploitation vinicole, des batailles de rues voient le jour, la nuit dans la campagne de Pauillac.

etiquette vin chine
Etiquette Bordeaux en Chine

Château, Chatréal, Castle

Les Châtelains ont de quoi être énervés ! Non sérieusement, déjà ça a commencé avec la Chine et son réflexe de photocopieur convulsif, irritant des susceptibilités justifiées à la vue de certaines bouteilles de Chatreal Cheval Blanc et Chatreal Margaux. Ce n’est pas parce qu’ils ont redonné des couleurs aux grands noms de Bordeaux qu’il faut leur excuser cette petite manie fort désagréable de vouloir tout imiter.

Et maintenant c’est au tour des américains de vouloir carrément recopier sur leur propre étiquette le mot de château. En français ou en anglais ? Non, parce que je me disais, ça fait moins chic de dire « castle » non ?  (pour les quidams qu’entravent pas l’english, prononcer « casseul »).

Je ne peux que vous inviter à lire cet article sur la feuille de vigne pour en savoir plus sur ce passionnant sujet (http://www.lafdv.fr/std/251-la-guerre-des-clos-et-des-chateaux)

Tension à Pauillac

Pendant ce temps-là, à l’endroit même où le vin se fait, dans la vigne, à l’endroit même où les petites mains demeurent indispensables, sur la terre, à l’endroit même où une parcelle de par son emplacement vaut tout l’or du monde, les effets de la mondialisation perturbent le calme habituel de la campagne sur la commune de Pauillac. Pour ceux qui ne connaissent pas, Pauillac c’est un des terroirs prestigieux du Médoc avec quelques crus (si l’on en croit ceux qui les classent) comme Lafite-Rothschild, Latour, Pontet-canet, Lynch-Bages. Pour vous donner une idée, le millésime 2000 de Lafite-Rothschild se vend au-delà des 2000 euros la bouteille et ils en produisent, au plus bas, 90000 par an sans compter le second vin. Le luxe est une industrie, n’est-ce pas ?
Bref, sur ces hectares de vignes miraculeuses qui transforment le jus de raisin en valeur sûre  de bon père de famille, s’est développé un conflit entre vendangeurs, avec l’arrivée flagrante d’un grand nombre d’espagnol du fait de la crise. Deux nuits de bagarres entre jeunes français d’origine marocaine installés à Pauillac et ces nouveaux arrivés d’Espagne, juste devant la mosquée.

Un sacré grand écart dans le vignoble bordelais avec ces travailleurs soumis à la précarité qui se disputent les miettes d’un marché du luxe qui n’a que faire d’eux et des conséquences de leurs manigances financières.

Moi qui vient de pondre un article (A lire sur la feuille de vigne) sur les 3 modes de vendanges que l’on observe aujourd’hui dans le vignoble, bénévole, payée et payante, en affirmant que tout va bien dans le meilleur des mondes,  j’ai l’air malin ! Le vignoble n’est pas si tranquille que ça. De quoi inquiéter les oenotouristes et les gentils organisateurs qui fleurissent depuis peu dans toutes les régions viticoles.

Mais ce qui me dépasse, par-dessus tout, c’est l’annonce ce même mois du dépassement des 3 millions de chômeurs. Paradoxale atmosphère. A douter de la souffrance et de la précarité des assurés sociaux sans emploi dans notre si petit pays !

anggun concert pézenas
La très sexy chanteuse Anggun va mettre le feu à Pézenas pour la fête de la musique

Attendez, attendez, Ne Partez pas ! Ce n’est pas du ratissage d’audience à la Berthomeau. Vous n’y êtes pas du tout !

Anggun, la belle et sublime chanteuse, récemment humiliée au concours de l’eurovision de la chanson, (bien que finir dans les dernières places quand tu es française c’est quasi un succès national), sera bien en concert sur la place du 14 Juillet (attention pézenas a des envies de révolution !) le soir de la fête de la musique !

Et puis Anggun, elle s’y connait en matière de vin et de paysage viticole ! Elle est la marraine avec jean-Luc Petitrenaud, dont on peut dire qu’il sera le parrain, de la 79ème édition de la fête des vendanges de la butte Montmartre à Paris, en octobre 2012 !!!

C’est pas beau ça ! Pézenas plus que jamais la capitale de la vigne du Languedoc et du savoir bien vivre !

anggun concert pézenas
anggun concert pézenas
Mas Conscience, un sacré domaine en terroir Languedoc Terrasses du Larzac.

La conscience !

gamme du mas conscience

On pourrait se dire que d’appeler son domaine le Mas Conscience s’est faire beaucoup de cas de son existence. Mais quoi, la vigne serait un élément qui porterait l’âme des hommes autant que celle de la terre, une empreinte du temps, une trace de vie.

Mas Conscience, un nom qui intrigue, un nom qui attire. A l’origine, le nom donné à un récipient dans lequel les moines de Saint Guilhem le Désert recevaient les offrandes des pauvres gens qui, par le geste, se la donner bonne ! D’où le logo du Mas.

Un nom qui désigne également un acte volontaire que Geneviève et Laurent Vidal ont réalisé, il y a plus de 7 ans, en revenant ici, sur ce terroir des Terrasses du Larzac.Alors déjà bien installés au nord de Montpellier dans le vignoble du Pic Saint Loup, ils décident de changer de terroir et de venir à Saint Jean de Fos, dans ce village d’enfance, y reconstruire un domaine à partir de rien, de ce rien qui part en fumée aujourd’hui, qui s’arrache à coup de bulldozer, qui disparaît à coup de primes, comme les voitures bonnes pour la casse, de ce rien qu’on appelle la terre, la vigne !

mas concience

Bien né, le domaine se construit sur des bases solides, acquises par l’analyse et la réflexion, une expérience et un objectif clair : obtenir des vins avec une identité et de la profondeur en accord avec le terroir. Sur 12 ha de vignes, le sol se couvre de galets roulés dans les parcelles du bas, au plus près de l’Hérault, quand sur le haut, aux abords du village, la terre se compose d’argiles jaune et rouge, pour finir par des éboulis calcaire au pied de la colline.

laurent-vidal-mas-conscience-languedocLa méthodologie nous explique Laurent Vidal se base sur les principes de la biodynamie : « une plante équilibrée, un cépage bien adapté qui se nourrit du sol, sans apports . Trop vigoureuse, trop fournie, une plante aura tendance à accueillir davantage de maladies et de bactéries dans son feuillage. A l’inverse, une plante trop chétive ce n’est évidemment pas le top. »

Au démarrage de cette nouvelle installation, Geneviève et Laurent font appel à une « conscience » justement, Bernard Bellahssen, qui leur apprend à être plus sensible avec la terre, à tenter de la comprendre. Les traitements se font à base de tisane ou de purin, de la consoude pour stimuler la plante dans la chaleur de l’été, la nuit quand elle respire.

Dans la cave, même démarche, même recherche de l’équilibre, avec des cuves en béton brute pour la fermentation, adaptées à la vendange, puis des cuves tronconiques en bois ni trop grandes, ni trop petites, pour un élevage précis et ciblé en fonction des cépages, syrah et grenache.

Comme le conclut Laurent, « Aujourd’hui, avec cet outil de travail, j’ai peut-être changé, en passant des vins charpentés aux vins plus en dentelle. J’interviens moins en cave. Mes vins ont gagné en acidité, ils sont plus vifs, plus droits. Ca fait 20 ans de vinification et finalement, on invente rien ! On revient plutôt à ce qui se faisait avant. Je veux que mes vins soient sur le plaisir, la fraîcheur, la fleur. Surtout ne pas compliquer ! »

laurent-vidal-mas-conscience-montpeyroux-larzac

Geneviève et Laurent Vidal – 0467577742 – mas.conscience@wanadoo.frRoute de Montpeyroux 34150 Saint Jean de Fos

La Loire rêve de Lunotte, d’un vin naturel de Touraine

L’homme a de la curiosité à transmettre. Son oeil raconte une histoire. Lorsqu’il vous sert un verre pour partager ses vins, il s’anime autour de ses bouteilles, s’ouvre lentement vers la confidence. L’homme et le vin travaillent de concert, dans la même attitude. On a plaisir à l’écouter et on lui donne du temps pour mieux en profiter.

Christophe Foucher fait partie de ses vignerons au naturel. Le voilà classé ! C’est un homme heureux puisque c’est grâce à sa femme et aux vignes de son beau-père, qu’il se trouva plongé dans ce monde du vin. La démarche naturelle le précède. Sa philosophie a toujours été le respect du vivant et la recherche de l’équilibre. Artisan vigneron, il avance en individuel, vendange après vendange, sensible aux changements du temps, aux aléas du climat, à l’écoute de ses vins. Chaque nouvelle année inaugure une nouvelle cuvée. Christophe accompagne les vins plus qu’il ne les guide : « Je ne sais jamais où les vins vont m’amener, je suis derrière mais ce sont eux qui décident où ils veulent aller ».

Le soufre apparait uniquement par méchage des barriques et des cuves. Il refuse l’emploi du soufre liquide : « Je laisse cela pour ceux qui sont pressés et qui voudraient que ce soit fini avant de commencer ». Ses vins en contiennent entre 5 et 10 mg/l selon les analyses officielles qu’il doit réaliser pour l’exportation au Japon.Évidemment, il manipule le vin avec précaution, le plus souvent il les pousse par gravité, d’une façon très douce afin d’éviter l’oxydation. Les années de mauvais temps, la vigne souffre des attaques de mildiou et autres. Bien sûr, il y aura moins de raisins mais comme il ne recherche pas la quantité, il peut se permettre de travailler sur une vendange de qualité à faible rendement.

Christophe fait un sauvignon blanc de toute beauté. Ce vin de Touraine est élevé lentement, 18 mois en barrique suivant une fermentation très lente qui peut prendre un an. En débouchant la bouteille, ne vous étonnez pas des petites bulles sur les parois du verre. Le gaz protège le vin. Aérez-le un peu en le faisant tourner simplement. A savourer sur une viande blanche ou des asperges.

Christophe Foucher
DOMAINE DE LA LUNOTTE
36 rue de Villequemoy
41110 Couffy

Un vigneron de Sauvian (34) se fait voler 2 ha sur pied en pleine nuit

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C’est hallucinant ! L’info vient d’être diffusée sur france 3 Languedoc Roussillon.

Il y en a qui sont prêts à tout ! Pendant la nuit, ce vigneron s’est fait voler 30 tonnes de raisins sur pied, soit 2 ha vendangés de nuit à la machine. Pourtant, ce n’est pas discret, le bruit, la lumière, les traces sur le sol !Et bien évidemment, on en déduit que c’est un vigneron qui a fait le coup !

Mais que va-t-il en faire ? C’est du cabernet-sauvignon, pas encore à maturité ! Un incroyable !

Pierre Frick : Du Naturel de l’homme comme du vin

Un message de Pierre Frick, réputé pour ses vins en bio-dynamie en Alsace. Nous ne sommes pas seuls à vouloir partager. J’ai repris sa plume en intégralité :

LES  VENDANGES  2008  SONT  ACHEVEES…

17 novembre… les derniers raisins ont été récoltés par un bel été indien il y a à peine 5 jours, des Riesling rosis par l’alternance du soleil et de quelques averses d’arrière saison. Avec 13 % potentiel et l’entrée dans une cave où la tempête fermentaire de la période centrale des vendanges s’est calmée depuis quelques temps, ce jus récolté très froid est réchauffé un peu pour dynamiser les levures indigènes, qui s’abandonneraient sinon à une léthargie hivernale. Ce Riesling du terroir Morgenbrunn ( fontaine du levant) clôture les belles vendanges 2008. Le mois d’octobre, béni des dieux, a transformé cette année l’essai un peu manqué des mois août et septembre, trop frais et ombragés. Dans nos parcelles un grand tournant de maturité (brunissement des pépins, fluidité de la chair des grains de raisins) s’est opéré vers le 10 octobre et le cœur des vendanges s’est donc déplacé au 18 octobre. Patience et confiance, après le dur travail de la saison estivale. La précipitation laisserait un goût d’insatisfaction et d’inachèvement. Au contraire, nous avons attendu chaque parcelle, et d’ailleurs nos petites capacités de pressurage nous enlèveraient toute tentation de bâcler cette période cruciale de la cueillette des raisins.
18 coupeurs et 2 porteurs de hotte égaient les vignes pendant 4 semaines,  en triant souvent au pied de vigne avec deux seaux. Le brassage des origines et des générations, le travail partagé et les déjeuners pris ensemble au milieu des vignes tissent un vécu culturel essentiel pour nous . Pourtant la rencontre de vendangeurs devient rare  dans le vignoble, avec la suprématie croissante de la machine à vendanger. Eh oui, 550 euros de coût de récolte à l’hectare en récolte mécanique, alors que la cueillette manuelle s’évalue à 2200 euros par hectare. Si la production de vins n’est qu’un gagne-pain, le calcul économique  laisse bien sûr peu de chance à la vendange manuelle. Ajoutez à cela que la motivation pour la cueillette manuelle n’est plus si répandue par les temps qui courent. Alors ?… Nous continuerons à faire toucher et cueillir nos raisins par des mains humaines, dans une ambiance gaie et chaleureuse. Cela aussi le vin le porte en lui, pour faire du bien au dégustateur.
Nous sommes des artisans-vignerons, et cette petite communication, nous l’écrivons entre deux nettoyages de foudres, après des soutirages, et avant de reprendre les densités des jus en fermentation. Ce sont des journées cruciales où il faut déguster journellement les cuvées et prendre des décisions rapides. Lorsque la fermentation d’un vin ralentit, la question se pose de l’équilibre final entre alcool, fraîcheur et sucre résiduel. Faut-il le préparer à passer l’hiver et à reprendre la fermentation au printemps ou l’été suivant. Ou bien l’équilibre  est-il satisfaisant pour l’avenir du vin, auquel cas le soutirage s’impose. Si un goût de lies apparaît dans une cuvée, est-il acceptable durant quelques jours, ou bien faut-il aérer le vin au risque de le fatiguer. L’un ou l’autre de ces choix se pose pour les 30 cuvées récoltées en 2008. Ce sont des « petits enfants » à surveiller, parce que les erreurs de jugement dans cette phase ne se réparent pas, lorsqu’on renonce à toutes les corrections et tous les additifs mis à disposition par la pharmacopée oenologique. Si nous prenons la mauvaise décision, il faudra faire avec. C’est un travail de funambule sans filet.
Le millésime 2008 a confié à notre surveillance des cuvées aux rythmes très divers. Beaucoup d’entre elles ont achevé leur première phase avant l’élevage.  En revanche les derniers jus récoltés cherchent encore leur orientation. Certaines cuvées ont eu une fermentation au pas de course, menée  jusqu’aux derniers grammes de sucre : Sylvaner classique, avec sa fraîcheur bien mûre et sa bouche finement herbacée – Chasselas souple et effervescent – Muscat classique, pressenti pour un élevage sans soufre – Riesling Bihl tranchant et minéral – Riesling Krottenfues aux  saveurs de noix de coco.
D’autres cuvées, aux jus plus concentrés, ont suspendu leur course avec un peu de douceur en fin de bouche : environ 10 g de sucre résiduel :   Pinot Auxerrois Krottenfuess au palais encore resserré, Pinot Blanc Hohlweg très fragile à l’aération, Riesling Rot Murlé encore troublé par les lies. Plusieurs vins riches touchent à leur aboutissement avec une finale qui restera moelleuse : Pinot Gris Rot Murlé en recherche de finesse,  Gewurztraminer Morgenbrunn au palais fin de fruits exotiques – Sylvaner Bergweingarten exubérant au nez et au palais – Riesling Grand Cru Vorbourg  au palais encore épais.

 

Les Pinot Noirs ont été récoltés bien mûrs par tri, égrappés à 60 ou  70 % et encuvés 10 jours pour la macération. Le Pinot Noir classique, souple et frais, sera peut-être élevé sans soufre – le Pinot Noir Strangenberg se trouble et demande le soutirage – le Pinot Noir Rot Murlé, déjà soutiré, exhale la cerise et l’encens – le Pinot Noir Terrasses, soutiré également,  reste sur la réserve comme un vin de garde. Le millésime 2008 a offert également une belle moisson de Vendanges Tardives et Sélections de Grains Nobles, grâce à un  travail de tri à la vigne. Elles arrivent peu à peu au bout de leur long périple fermentaire : Muscat et Gewurztraminer Grand Cru Steinert,  Gewurztraminer Grand Cru Eichberg, Pinot Gris Grand Cru Vorbourg, Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles (22 % potentiels) et  Pinot Gris Sélection de Grains Nobles (19 % potentiels). Cette récolte est une  chance renouvelée d’accompagner la naissance de jeunes vins. Chacun d’eux représente une  œuvre d’art unique. Ceci les différencie des vins figés et reproductibles, « fabriqués » et arrangés avec les artifices œnologiques. Nos vins  de 2008 seront porteurs  de messages particuliers pour le dégustateur, s’il sait écouter ses sens et s’ouvrir aux énergies subtiles.  

Chantal et Jean-Pierre Frick

Pierre Frick : Du Naturel de l’homme comme du vin

Un message de Pierre Frick, réputé pour ses vins en bio-dynamie en Alsace. Nous ne sommes pas seuls à vouloir partager. J’ai repris sa plume en intégralité :

LES  VENDANGES  2008  SONT  ACHEVEES…

17 novembre… les derniers raisins ont été récoltés par un bel été indien il y a à peine 5 jours, des Riesling rosis par l’alternance du soleil et de quelques averses d’arrière saison. Avec 13 % potentiel et l’entrée dans une cave où la tempête fermentaire de la période centrale des vendanges s’est calmée depuis quelques temps, ce jus récolté très froid est réchauffé un peu pour dynamiser les levures indigènes, qui s’abandonneraient sinon à une léthargie hivernale. Ce Riesling du terroir Morgenbrunn ( fontaine du levant) clôture les belles vendanges 2008. Le mois d’octobre, béni des dieux, a transformé cette année l’essai un peu manqué des mois août et septembre, trop frais et ombragés. Dans nos parcelles un grand tournant de maturité (brunissement des pépins, fluidité de la chair des grains de raisins) s’est opéré vers le 10 octobre et le cœur des vendanges s’est donc déplacé au 18 octobre. Patience et confiance, après le dur travail de la saison estivale. La précipitation laisserait un goût d’insatisfaction et d’inachèvement. Au contraire, nous avons attendu chaque parcelle, et d’ailleurs nos petites capacités de pressurage nous enlèveraient toute tentation de bâcler cette période cruciale de la cueillette des raisins.18 coupeurs et 2 porteurs de hotte égaient les vignes pendant 4 semaines,  en triant souvent au pied de vigne avec deux seaux. Le brassage des origines et des générations, le travail partagé et les déjeuners pris ensemble au milieu des vignes tissent un vécu culturel essentiel pour nous . Pourtant la rencontre de vendangeurs devient rare  dans le vignoble, avec la suprématie croissante de la machine à vendanger. Eh oui, 550 euros de coût de récolte à l’hectare en récolte mécanique, alors que la cueillette manuelle s’évalue à 2200 euros par hectare. Si la production de vins n’est qu’un gagne-pain, le calcul économique  laisse bien sûr peu de chance à la vendange manuelle. Ajoutez à cela que la motivation pour la cueillette manuelle n’est plus si répandue par les temps qui courent. Alors ?… Nous continuerons à faire toucher et cueillir nos raisins par des mains humaines, dans une ambiance gaie et chaleureuse. Cela aussi le vin le porte en lui, pour faire du bien au dégustateur. Nous sommes des artisans-vignerons, et cette petite communication, nous l’écrivons entre deux nettoyages de foudres, après des soutirages, et avant de reprendre les densités des jus en fermentation. Ce sont des journées cruciales où il faut déguster journellement les cuvées et prendre des décisions rapides. Lorsque la fermentation d’un vin ralentit, la question se pose de l’équilibre final entre alcool, fraîcheur et sucre résiduel. Faut-il le préparer à passer l’hiver et à reprendre la fermentation au printemps ou l’été suivant. Ou bien l’équilibre  est-il satisfaisant pour l’avenir du vin, auquel cas le soutirage s’impose. Si un goût de lies apparaît dans une cuvée, est-il acceptable durant quelques jours, ou bien faut-il aérer le vin au risque de le fatiguer. L’un ou l’autre de ces choix se pose pour les 30 cuvées récoltées en 2008. Ce sont des « petits enfants » à surveiller, parce que les erreurs de jugement dans cette phase ne se réparent pas, lorsqu’on renonce à toutes les corrections et tous les additifs mis à disposition par la pharmacopée oenologique. Si nous prenons la mauvaise décision, il faudra faire avec. C’est un travail de funambule sans filet.Le millésime 2008 a confié à notre surveillance des cuvées aux rythmes très divers. Beaucoup d’entre elles ont achevé leur première phase avant l’élevage.  En revanche les derniers jus récoltés cherchent encore leur orientation. Certaines cuvées ont eu une fermentation au pas de course, menée  jusqu’aux derniers grammes de sucre : Sylvaner classique, avec sa fraîcheur bien mûre et sa bouche finement herbacée – Chasselas souple et effervescent – Muscat classique, pressenti pour un élevage sans soufre – Riesling Bihl tranchant et minéral – Riesling Krottenfues aux  saveurs de noix de coco.D’autres cuvées, aux jus plus concentrés, ont suspendu leur course avec un peu de douceur en fin de bouche : environ 10 g de sucre résiduel :   Pinot Auxerrois Krottenfuess au palais encore resserré, Pinot Blanc Hohlweg très fragile à l’aération, Riesling Rot Murlé encore troublé par les lies. Plusieurs vins riches touchent à leur aboutissement avec une finale qui restera moelleuse : Pinot Gris Rot Murlé en recherche de finesse,  Gewurztraminer Morgenbrunn au palais fin de fruits exotiques – Sylvaner Bergweingarten exubérant au nez et au palais – Riesling Grand Cru Vorbourg  au palais encore épais.

 

Les Pinot Noirs ont été récoltés bien mûrs par tri, égrappés à 60 ou  70 % et encuvés 10 jours pour la macération. Le Pinot Noir classique, souple et frais, sera peut-être élevé sans soufre – le Pinot Noir Strangenberg se trouble et demande le soutirage – le Pinot Noir Rot Murlé, déjà soutiré, exhale la cerise et l’encens – le Pinot Noir Terrasses, soutiré également,  reste sur la réserve comme un vin de garde. Le millésime 2008 a offert également une belle moisson de Vendanges Tardives et Sélections de Grains Nobles, grâce à un  travail de tri à la vigne. Elles arrivent peu à peu au bout de leur long périple fermentaire : Muscat et Gewurztraminer Grand Cru Steinert,  Gewurztraminer Grand Cru Eichberg, Pinot Gris Grand Cru Vorbourg, Gewurztraminer Sélection de Grains Nobles (22 % potentiels) et  Pinot Gris Sélection de Grains Nobles (19 % potentiels). Cette récolte est une  chance renouvelée d’accompagner la naissance de jeunes vins. Chacun d’eux représente une  œuvre d’art unique. Ceci les différencie des vins figés et reproductibles, « fabriqués » et arrangés avec les artifices œnologiques. Nos vins  de 2008 seront porteurs  de messages particuliers pour le dégustateur, s’il sait écouter ses sens et s’ouvrir aux énergies subtiles.  

Chantal et Jean-Pierre Frick

Du Grenache en Vin Naturel

Alain Allier

Mouressipe

La rencontre avec un homme aussi simple et discret autorise à une respiration profonde, en confiance. Alain Allier, enfant du pays, résiste aux envahisseurs, dans son beau village de Saint Comes et Maruejols. Les pavillons neufs gagnent du terrain tout autour.
Sur le chemin, on rencontre ses ânes et son cheval, qui semblent endormis. Depuis 4 ans, Alain a définitivement fait le grand saut. Le voilà, sur les traces familiales, après avoir taquiné de la vigne pendant 25 ans, histoire de ne pas perdre la foi et surtout pour l’amour de ce pays.
De son vin de copain, beaucoup lui disait du bien et c’est après une rencontre avec un maitre en vin naturel, Eric Pfifferling, qu’il va enfin tracer sa destinée.
Mouressipe est le nom de la colline que ses vignes encerclent. Ancien môle romain, on y trouve les vestiges d’un oppidum. Dans la terre, maintes fois retournée, il a trouvé une pièce gallo-romaine. C’est cette effigie que vous retrouvez sur les étiquettes de ses bouteilles.
Je vous le dis, cet homme a des racines et son histoire le précède.
Bien que propriétaire de 13 ha de vignes, il n’en vinifie que 4. Impossible de faire plus. Les vendanges se déroulent dès l’aube, dans la fraicheur du matin. La consigne est stricte : on cueille les grappes délicatement et on les dépose dans les cajettes comme s’il s’agissait d’un fruit trop mûr.
Ensuite, il stocke le tout dans une chambre froide, à 7°C, et une première fermentation démarre pendant 2 à 3 jours.
Pour le Tracassier, autre particularité, les grappes sont triées et égrappées à la main sur une table de fabrication maison avant un encuvage saturé en gaz carbonique. Comment voulez-vous ne pas faire de grand vin avec une telle finesse.